90% des bookers avouent ne pas réussir à expliquer leur rôle au sein du monde de la musique

Si l’on en croit la récente et sérieuse étude réalisée par le MEADONF (l’équivalent du MEDEF pour le monde de l’industrie musicale), les bookers auraient le plus grand mal à expliquer leur rôle dans le monde du travail en général et dans monde de la musique en particulier. Éléments d’explications.
Stéphane Thomas est booker dans l’une des plus importantes agences de booking européennes et confesse sans mal sa peine à trouver un sens à son activité.
“Je ne suis pas vraiment sûr de ce que l’on attend de moi mais j’improvise au quotidien pour m’occuper et ne rien laisser paraître. Les demandes de booking pour nos DJs affluent du monde entier donc je n’ai rien à faire”.
“C’est dingue de voir ce que les gens sont prêts à payer et accepter comme exigences pour deux heures de prestation. On peut tout demander pour nos artistes, de l’hôtel cinq étoiles aux caisses de Dom Pérignon dans les loges, rien ne nous ait refusé”.
En off, Stéphane nous confie que parmi les DJs qu’il a à vendre, certains exigent des bouteilles d’eau, d’alcool ou des cacahuètes de telle marque et pas d’une autre, d’autres des fleurs dans les loges façon diva et d’autres des spécialités de la région où ils jouent.
« En réalité, ils s’en foutent. C’est juste pour faire chier ou dire qu’ils ont goûté tel ou tel truc à leurs potes DJs et en faire un sujet de conversation. Ou se la péter sur les réseaux sociaux » nous confie Stéphane.
“Le seul amusement que j’y trouve, c’est de demander des trucs de plus en plus farfelus pour voir si ça passe mais ça va cinq minutes… J’ai un gros doute quant à l’utilité de notre profession et du coup sur ma place dans ce monde”.
Paul Matthieu a quitté son poste de booker dans une agence berlinoise après une longue dépression. Il raconte son combat dans un livre “L’homme qui ne savait rien sur rien et qui ne pouvait rien y faire” et décrit comment il a lutté au quotidien pour éviter les questions sur son travail.
“Depuis que l’on m’a dit, qu’en fait, je n’étais qu’un agent de voyages, j’ai arrêté d’expliquer mon travail. À y regarder de plus près, je n’ai jamais pu expliquer ce que je faisais. La plupart du temps, je changeais de sujet ou je prétextais un faux coup de téléphone professionnel justement”.
“Après avoir géré une signature sur un contrat générique et faire chier les organisateurs, ce qui est plutôt jouissif, il n’y a plus rien à faire. Il faut arrêter d’en faire des caisses avec ce job” conclut Paul.
« C’est simple, booker, manager ou agent d’artistes, tous souffrent du même problème : l’enculage de mouches. Ils ont raison de se faire du souci, cela ne pourra pas durer, un jour quelqu’un va réagir » précise un expert.
Paul, aujourd’hui reconverti dans la sculpture après une longue traversée du désert, parle d’une renaissance grâce à sa nouvelle activité et au succès rencontré lors de ses dernières expositions. “Mon banquier me suggère de prendre un manager pour gérer ma carrière mais je n’ai pas envie de faire subir ça à quelqu’un d’autre. Cela me rappellera trop de mauvais souvenirs”.
Des témoignages bouleversants qui nous amènent également à nous questionner sur le sens à donner à notre travail de journalistes.

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