Un puriste du vinyle se casse les deux jambes en tombant de sa tour d’ivoire

Un puriste du vinyle s’est cassé les deux jambes, hier, en tombant du dixième étage de sa tour d’ivoire alors qu’il était en train d’y construire un onzième niveau.
“J’étais dans ma tour, tranquille, en train de jouer avec mes mains, quand j’ai entendu de la musique digitale sortir de l’immeuble d’à côté” raconte John Luddite, un anglais de 29 ans, depuis son lit d’hôpital.
“Quand j’ai entendu ça, je suis devenu fou… Et comme je ne voulais absolument pas être mêlé de près ou de loin à cette supercherie, j’ai pris le parti d’ériger un nouvel étage sur les fondements entièrement analogiques de ma tour d’ivoire” continue t-il.
“Ma tour, je la bichonne, je la cajole, je la construis uniquement avec mes mains. C’est mon précieux… J’utilise des matériaux et des outils traditionnels parce que c’est plus authentique que d’utiliser une grue, une perceuse ou toute autre diablerie mécanique” poursuit John. “Bref, j’étais suspendu à 30 mètres au-dessus du sol grâce un système de cordes et de poulies avec une truelle dans une main pendant que de l’autre, je faisais un peu de poussette pour caler correctement mon disque, lorsque tout a lâché. Je me souviens seulement m’être réveillé ici”.
“Le patient nous a été amené suite à une mauvaise chute” explique le Dr Thomas Cranmer, le médecin de garde. “Nous étions en train de lui administrer des anti-douleurs lorsqu’il a repris connaissance et a tout recraché. Il a également refusé toute aide médicale, la qualifiant de sorcellerie moderne”.
“Je ne veux pas être soigné par un pseudo docteur, un gamin, qui ne connaît ni ses classiques ni ses fondamentaux et qui a perdu toute idée de l’art de la médecine” s’exclame John.
“Utiliser des machines modernes pour guérir les gens, en appuyant simplement sur un bouton, sans se salir les mains, c’est facile. Franchement, j’en ai rien à foutre de savoir si ça marche ou pas, je préfère mourir plutôt que d’être soigné par un ordinateur”.
C’est pour cette raison que John exigea d’être soigné avec des méthodes traditionnelles.
“Il pourrait remarcher rapidement s’il acceptait la technologie moderne mais il s’acharne à vouloir être soigné par des pratiques complètement dépassées“ poursuit le Dr. Cranmer. “Nous avons dû élaborer un traitement en corrélation avec ses volontés ce qui prendra probablement trois fois plus de temps pour un rétablissement complet”.
Le traitement de John consiste en une pénible remise en place des os à la main, des sutures en intestins de porc accompagnées de quelques grosses gorgées de whisky et d’un bout de bois à mordre pour soulager la douleur.
La fièvre déclenchée suite à ce traitement fut maîtrisée par des saignées et l’infection stoppée par des sangsues, des prières et quelques cautérisations. John est actuellement en rééducation et ce, pendant au moins six mois, période durant laquelle il se verra prescrire un verre d’essence de laudanum trois fois par jour pour la douleur.

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