Sven Marquardt, c’est le vestige humain du mur du Berlin qu’il vous faudra franchir si vous souhaitez un jour passer la porte du Berghain.
J’écris “vous”, car nous, à la rédaction, nous n’avons jamais eu à faire cette interminable queue ni à nous demander si le maître des lieux nous ferait l’affront de nous refuser l’entrée. Nous choisissons toujours les soirées où nous pouvons être invités.
Dans une interview donnée à Tatou Magazine, le plus célèbre des physionomistes donne une vision assez claire de lui-même et se livre à quelques confidences. Il confie entre autres qu’il n’a pas esquissé un seul sourire depuis 2004, année de l’ouverture du club.
Une confession qui n’est pas passée inaperçue outre-Rhin où l’on se demandait s’il avait jamais souri un jour.
“Je me souviens très bien de cette matinée de janvier 2004, quelques temps avant l’ouverture du club. Il faisait très froid, la neige avait recouvert Berlin et les trottoirs étaient transformés en patinoire. Nous rentrions d’after avec Ben Klock et Marcel Dettmann. J’ai vu ce matin là, plusieurs vieilles dames glisser et tomber sur le trottoir. Les deux premières ne m’ont pas spécialement fait marrer parce qu’elles se sont relevées assez facilement. Pour la troisième, l’intervention des secours a été nécessaire et j’ai vraiment rigolé comme une grosse baleine” a raconté Sven Marquardt.
« Devant le club, je suis obligé de tenir un rôle ».
« Malheureusement ce rôle a débordé sur ma vie quotidienne jusqu’à en devenir une sorte de caricature de moi-même » explique-t-il.
Nous avons pu recueillir le témoignage de Madame Deussentosse, la gardienne de l’immeuble où réside le portier depuis 2008. Celle-ci nous a confié qu’elle était très étonnée des révélations de Sven Marquardt dans la presse. “C’est quelqu’un de très discret, j’ai d’abord cru, en le voyant toujours habillé en noir, que c’était un sourd et muet en deuil perpétuel. Je n’ai pas entendu le son de sa voix pendant deux ans. C’est seulement en 2010 que nous avons échangé quelques mots pour la première fois. Je peux vous dire qu’il ne rigolait pas du tout mais au moins il parlait”.
Un article teinté d’espoir pour tous ceux qui croiseront le regard fermé du gros manitou et qui pourront enfin se dire qu’il n’est qu’un homme après tout.