En cette période électorale où tout le monde s’improvise éditorialiste politique sur Facebook et où la France a peur et retient son souffle, nous sommes allés à la rencontre de Baptiste, un DJ électeur du FN qui ne votera pas au deuxième tour de la Présidentielle.
Cet homme de 42 ans a eu sa petite heure de gloire il y a quelques années même s’il se produit encore à l’occasion de commémorations en Autriche, en Italie ou Espagne. Aujourd’hui, seuls quelques puristes se souviennent de son nom.
“Et puis on a vu arriver la vague de DJs Roumains, Radhoo en tête, et même des Turcs ! Sans parler de l’image de bohémien crado mais blindé de tunes véhiculée par les Villalobos et autre Luciano”.
Sympathisant de longue date, Baptiste ne reconnaît plus son parti et son programme :
“Quel programme ? Il n’y a même plus le nom du parti sur les affiches ! Au moins Macron, lui, a utilisé ses initiales pour le nom de son mouvement (NDLR : ‘EM’ pour ‘En Marche’). Le mec a le sens du culte de la personnalité. Mais ne vous inquiétez pas, je n’irai pas jusqu’à voter pour un PD”.
“Mon parti n’est plus ce qu’il était. Il est où le temps où l’on pouvait parler des tortures pendant la guerre d’Algérie entre la poire et le dessert sans crainte d’être expulsé par un Gilbert Connard ? Ce deuxième tour, ce sera sans moi”.
On a cru que “First Reaction”, le morceau de Laurent Garnier composé pour protester contre la présence de Jean-Marie Le Pen au deuxième tour de la Présidentielle de 2002 allait changer quelque chose. Force est de constater qu’on ne peut que lui conseiller de se dépêcher pour écrire “Second Reaction”.
“Avec les noirs de Détroit, c’était différent, ils étaient aussi racistes que nous. Entre abrutis, on s’est facilement entendu. À l’époque, Richie Hawtin ne faisait pas le malin au milieu de tous ces bronzés”.
Baptiste élève aujourd’hui des crocodiles dans une petite commune près de Vichy et s’occupe de son propre label Heili Helio Records.
